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04/05/2014

Communautés en ligne et constructions identitaires

th.png6 juin 2014
à l'IUT Robert Schuman de Strasbourg

 

La « communauté » est une catégorie d’analyse qui, depuis les travaux de Ferdinand Tönnies et de Max Weber, interroge les relations qui marquent l’appartenance des individus à un groupe. Si l’on considère aujourd’hui l’avènement du numérique et d’Internet comme une rupture, par la perméabilité ou la redéfinition des frontières entre le réel et le virtuel, le proche et le lointain, le public et le privé, nous nous interrogerons sur les façons d’appréhender les relations entre communauté et identité et la façon dont les communautés en ligne sont productrices d’identités.

Les pratiques d’échange, de partage et de coopération en ligne--chats, forums, listes de discussion, plateformes de sociabilité--sont aujourd’hui nombreuses. Des collectifs se forment ainsi sous des modalités diverses autour d’institutions, de thématiques, d’activités : l’éducation, la formation, les partis politiques, les achats, des débats de société, la santé, l’aide à l’utilisateur novice en informatique, la religion, la musique, les sorties, la cuisine, etc. À partir de quels échanges et de quel moment, un groupe d’usagers connectés constitue-il une « communauté » pour ceux qui en sont membres ou pour ceux qui les regardent ou les imaginent interagir ? Comment se définissent une communauté en ligne et l'appartenance à celle-ci ? Quelle en est la spécificité ?

Si les affiliations multiples des individus ne datent pas du développement d’Internet ou d’autres technologies avant lui, comment saisir dans une société en mutation économique, technologique, sociale et culturelle, l’imbrication entre les activités, les interactions en ligne et hors ligne d'un groupe ancré dans un ou des territoires à un moment donné, et la façon dont les activités en ligne affectent les autres ? Comment appréhender les différentes formes que prennent aujourd’hui ces échanges, le sens et la valeur qu’on peut leur attribuer ?

L’individu dans le réseau a fait l’objet de réflexions récentes au croisement d’approches sociologiques et socio-économiques. Certaines nous invitent à penser Internet comme politique permettant l’expérimentation et l’expressivisme, celui de la construction d’un Moi « cubiste » et « facétieux », bricolé et ouvert sur la rencontre d’autres membres (Allard 2008). Redéfinissant la production et la circulation d’une parole publique polyphonique, Internet a radicalement transformé les formes du débat politique et le rapport entre le singulier et le collectif dans l’activité militante (Blondeau et Allard 2007). Pourtant, d’autres approches invitent à une certaine prudence vis-à-vis de ces nouvelles formes de pouvoir attribué aux personnes connectées et interrogent la force des liens ainsi créés (Casilli 2010). Tandis que des travaux remettent en cause l’apparente vitalité retrouvée des industries de la culture et de la communication estimant, au contraire, que la promotion un peu trop précipitée de « l’individu en réseau » au rang de sujet coproducteur s’est faite au mépris du social. Ces travaux associent le développement du web collaboratif au mouvement de financiarisation de ces industries (Bouquillion et Matthews 2010). Le nouveau sujet ne serait-il guère plus que le relais d’un marketing viral dans un modèle économique qui relève du capitalisme globalisé ? Se rapprochant de la posture de l’Ecole de Francfort vis-à-vis de la culture de masse, ce sont en particulier les termes de l’engagement émotionnel ou affectif de ce nouveau sujet-acteur et sa capacité d’agir qui suscitent des réserves (Bouquillion et Matthews 2010).

Notre attention portera plus spécifiquement sur la question des constructions identitaires au sein des communautés en ligne, et l’articulation de leurs dimensions sociales, sexuées et/ou genrées, sexuelles, ethnoraciales, religieuses, générationnelles, etc. Point de rencontre entre, d’un côté, des discours et des pratiques qui nous parlent « comme si nous étions les sujets sociaux de discours particuliers » et, de l’autre, « les processus qui produisent les subjectivités qui nous construisent en tant que sujet pouvant ‘être parlés’ », Stuart Hall définit les identités « comme des points d’attache temporaires à la position de sujet élaborée par les pratiques discursives » (Hall [1996] 2008). Dans la transformation de l’individualisme contemporain, l’identité personnelle relève du processus et de l’activité plutôt que d’un état ou d’un statut (Cardon 2010). L’identité numérique—un dosage complexe d’identités civile, narrative, agissante et virtuelle destiné à rendre visible une démonstration de soi—est une « coproduction où se rencontrent les stratégies des plateformes et les tactiques des utilisateurs » (Cardon 2008). À partir de quelles activités, échanges et attributs brandis, les internautes produisent-ils ou elles des identités ? Comment appréhender leur capacité d’agir et les rapports de pouvoir dans lesquels celle-ci s’insère ?

Plusieurs pistes de réflexion sont possibles (cette liste n’est pas exhaustive) :

  • À partir de quels assemblages théoriques peut-on aujourd’hui appréhender les termes de l’articulation entre communauté et identité lorsqu’il s’agit de communautés en ligne ?
  • Quelles sont les spécificités des communautés en ligne et des constructions identitaires qui s’y trouvent associées ? Comment les communautés en ligne permettent-elles la (re)définition, la promotion ou la subversion des identités ?
  • Comment des études de cas cernent-elles les activités, les interactions, les pratiques à partir desquelles les membres d’une communauté se rencontrent et opèrent en ligne (et hors ligne) ? Partant de divers modèles explicatifs possibles, comment envisagent-elles le rapport entre les constructions identitaires et la capacité d’agir des membres expérimentant ou revendiquant ces identités ? De telles constructions sont-elles ou non vecteurs d’émancipation ?
  • Enfin, que font les communautés en ligne à la recherche qui y est consacrée ? Quelles sont les pratiques des chercheurs et leurs rapports à ces communautés ? Comment le travail autour des communautés en ligne affecte-t-il la posture de ceux et celles qui s’y consacrent ainsi que les constructions identitaires à travers lesquelles ils/elles se définissent ?

 

CONFÉRENCIÈRE et CONFÉRENCIERS INVITÉS

Laurence Allard, Maxime Cervulle et Fred Pailler

 

Quelques références bibliographiques

Télécharger le programme

8h30

Accueil

8h55

Introduction

9h10 - 10h20

Conférenciers invités: Maxime Cervulle – Université de Paris 8 et Fred Pailler – Université de Nantes

  • « De la politique des identités à la politique des affects : communautés et controverses en ligne »

10h20 - 10h40

Pause

10h40 – 11h40

Panel : L’être numérique et la trace

Cléo Collomb – Université de Technologie de Compiègne

  • « L'être-avec à l'heure de la traçabilité numérique: des communautés désœuvrées 2.0 ? »

Manuel Schneewele, S. Nowakowski, I. Cherqui, N. Issenmann - Université de Strasbourg

  • « Dynamique d'apprentissage et particularités de l'être numérique en milieu universitaire »

11h40 - 12h10

Claire Balleys – Haute Ecole de Travail Social à Genève

  • « Publiquement intime. Sociabilité juvénile médiatisée et construction de soi »

12h10 - 12h40

Esther Haineaux – Université de Namur

  • « Identités fictives et compétence d’adaptabilité »

12h40 - 14h20

Déjeuner

14h20 - 15h20

Conférencière invitée: Laurence Allard - Université de Lille 3

  • « Enjeux et limites de la notion de communauté »

Discutante : Nadia Achehboun – Université de Strasbourg

15h20 – 16h20

 

 

Elsa Gimenez – Université de Lausanne

  • « Stratégies identitaires et allusions communautaires »

Jean-François Blanchard – Rennes 2 – Université de Bretagne

  • « Pratiques langagières, identité et sociabilité sur le web: le cas de la langue bretonne »

16h20 - 16h40

Pause

16h40 -17h30

Table ronde:

  • « Gamers et constructions identitaires »

Modératrice: Claudine Girod (journaliste et blogueuse)
Participants: Laurence Allard (sociologue), Alexandra Koeniguer (rédactrice web investie dans une communauté de gamers), Antoine Simonin (moddeur et bibliothécaire spécialisé jeux vidéo), Lina Tremisi (gameuse Ingress), Cyn Vuotto (conceptrice de jeux de rôles).


Cette table ronde a été organisée avec la participation des étudiants en LP Médiation de l'Information et du Document dans les Environnements Numériques.

17h15 - 17h30

Conclusion

Réception


12/10/2013

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Comités

Comité scientifique

Laurence Allard, MCF, IRCAV- Paris3, Université de Lille 3
Marion Bechet, ATER, Dpt Infocom, IUT Robert Schuman, Université de Strasbourg
Patricia Caillé, MCF, ACCRA EA 3402, IUT Robert Schuman, Université de Strasbourg
Maxime Cervulle, MCF, CEMTI, Université de Paris 8, Vincennes Saint-Denis
Emmanuelle Chevry, MCF, LISEC EA 2310, IUT Robert Schuman, Université de Strasbourg
Sophie Kennel, PRCE, Dpt Infocom, LISEC EA 2310, IUT Robert Schuman, Université de Strasbourg
Franz Luthi, PRAG, Dpt Infocom, IUT Robert Schuman, Université de Strasbourg
Fred Pailler, sociologue - ingénieur d'études, doctorant au Centre Atlantique de Philosophie (CAPHI), université de Nantes
Pascal Marquet, PU, LISEC EA 2310, Faculté des Sciences de l’Education, Université de Strasbourg
Florence Thiault, MCF, Université de Lille 3
Carsten Wilhelm, MCF, Dpt Infocom, CRESAT EA 3436, Université de Haute-Alsace

Comité d'organisation

Marion Bechet, ATER, Dpt Infocom, IUT Robert schuman, Université de Strasbourg
Patricia Caillé, MCF, ACCRA EA 3402, IUT Robert schuman, Université de Strasbourg
Emmanuelle Chevry, MCF, LISEC EA 2310, IUT Robert Schuman, Université de Strasbourg
Sophie Kennel, PRCE, Dpt Infocom, LISEC EA 2310, IUT Robert Schuman, Université de Strasbourg
Franz Luthi, PRAG, Dpt Infocom, IUT Robert schuman, Université de Strasbourg
Mialisoa Rahetlah, Doctorante, Ecole Doctorale, Université de Strasbourg
Maher Slouma, Doctorant, Laboratoire I3M, Université de Toulon